
L’industrie financière prépare sans doute avec la tokenisation sa prochaine grande révolution technologique. Les banques centrales ne peuvent pas rester à distance de ces transformations, même si elles tendent à résister sur certaines.
Ainsi, le projet de monnaie électronique Libra de Facebook avait provoqué une levée de boucliers de la part des autorités et des banquiers centraux. En réaction, ceux-ci avaient accéléré leurs expérimentations autour des monnaies numériques de banque centrale ou MNBC.
La menace Libra de Facebook n’est plus
Depuis, Libra (devenu le Diem) est mort et l’aiguillon s’est fait moins pressant pour les institutions. Pour autant, les banques centrales n’ont pas abandonné leurs ambitions en matière de CBDC. D’après la Banque des Règlements Internationaux (BRI), 93% s’y intéressent – plus ou moins sérieusement.
En outre, plus de la moitié mènent des expériences concrètes ou travaillent sur un pilote. Mais dans ce secteur, les initiatives s’inscrivent sur le temps long. La BRI estime que 15 CBDC de détail et 9 CBDC de gros pourraient être émises en 2030.
La première catégorie consiste en une monnaie utilisable par les particuliers, quand la CBDC de gros ou wholesale se destine aux banques uniquement. Et c’est plus particulièrement sur cette seconde catégorie que portent les développements de la Banque de France.
Même si les impacts et les enjeux – notamment pour la stabilité financière – d’une telle monnaie sont a priori moindres que pour une CBDC de détail, l’institution française n’entend pas se précipiter. Ses travaux ont démarré de manière effective en mars 2020 et ont déjà permis de souligner les atouts d’une monnaie numérique.
CBDC : des atouts pour le gouverneur de la BdF
Pour son gouverneur, François Villeroy de Galhau, la CBDC de gros répond à deux cas d’usage « déterminants » et de nature à « améliorer l’écosystème des paiements », à savoir la tokenisation des titres et les règlements transfrontières.
A ce jour, la Banque de France a réalisé 12 tests et publié deux rapports pour faire le bilan de ses réalisations – le dernier quelques semaines auparavant, le 21 juillet. La BdF indique ainsi avoir conceptualisé et mis en œuvre trois modèles de monnaie numérique.
Et pour l’émission d’une monnaie numérique directement sur DLT, les trois sont réalisables : le modèle d’interopérabilité, de distribution et d’intégration. Et la banque centrale de les considérer comme « complémentaires plutôt qu’exclusifs. »
Mais à quand la fin des recherches et un passage aux travaux pratiques ? En fin d’année dernière, le gouverneur de la Banque de France exprimait son souhait de parvenir dès 2023 à un prototype viable.
En ce qui concerne une émission finalisée, elle n’est pas encore annoncée – pas plus que pour l’Euro numérique auquel la BdF collabore également. L’institution française a pour horizon deux nouvelles étapes : « soutenir les travaux exploratoires de l’Eurosystème et explorer les limites des paiements transfrontières. »