Les tensions mondiales sont vives autour de la production et de l’approvisionnement en semiconducteurs. Pour les industriels, et notamment dans l’automobile, il est stratégique de disposer de suffisamment de stocks.
En juillet, Stellantis annonçait un programme de plus de 10 milliards d’euros afin de sécuriser ses livraisons jusqu’en 2030. Le gouvernement allemand entend lui aussi consacrer d’importants moyens financiers à cet enjeu.
75% des 20Mds pour Intel et TSMC
D’après Bloomberg, le chancelier Olaf Scholz prévoit de débloquer 20 milliards d’euros. Cette enveloppe budgétaire exceptionnelle vise à financer l’implantation de nouveaux sites de production et la fabrication de semi-conducteurs en Allemagne.
Ces 20 milliards seront distribués aux entreprises, allemandes et internationales, d’ici 2027. Toutefois, à eux seuls, l’Américain Intel et le Taïwanais TSMC devraient monopoliser 75% des moyens financiers alloués.
L’agence de presse américaine, citant des sources, précise que les milliards d’euros nécessaires au plan seront prélevés sur le Fonds pour le climat et la transformation. Hors budget, il devait à l’origine financer la décarbonation de l’économie allemande.
Le gouvernement allemand s’est déjà engagé à verser pour 10 milliards d’euros d’aides à Intel afin que le fondeur implante une nouvelle usine de production de semi-conducteurs sur son territoire.
Aides industrielles aux dépens de la décarbonation
Des négociations portant sur des subventions d’un montant de 7 milliards à l’attention de TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Co.) et de l’Allemand Infineon sont par ailleurs en cours. Sur le total prévu de 20 milliards, trois milliards iraient ainsi à des projets additionnels.
Le gouvernement allemand s’est engagé à réduire sa dépendance à l’égard des importations de semiconducteurs asiatiques en relocalisant une partie de la production. Le pays s’efforce aussi de protéger son tissu industriel, dont l’automobile, très consommateur de semiconducteurs.
Les fabricants non européens restent cependant les grands gagnants puisqu’ils devraient percevoir 75% des aides allemandes. L’Allemagne contribue par exemple à hauteur du tiers de l’investissement nécessaire à Intel pour sa nouvelle usine.
Stratégiques, ces subventions interviennent dans un contexte de retour à la rigueur budgétaire dans le pays. L’Etat prévoit de réduire ses dépenses de plusieurs milliards d’euros en 2024, au travers notamment de coupes dans les prestations sociales. Les semi-conducteurs continueront de bénéficier d’une trêve budgétaire.