Les deux grandes chaînes commerciales gratuites françaises viennent de décider que la domination des streamers américains avait assez duré. Suite à l’échec de leur fusion et à la fermeture de Salto, TF1 et M6 misent désormais sur le streaming pour se relancer et pour éviter que les offres avec publicité de Youtube, Netflix, Disney+ et Amazon ne renforcent encore plus leur position. Après avoir pris le pouvoir sur le marché de la SVOD, c’est sur le marché publicitaire internet que les streamers vont peser, surtout avec l’arrivée attendue de Prime Video le 9 avril prochain.
Manque d’imagination, simple mode ou besoin de s’identifier à une catégorie de services en pleine expansion, il y a aujourd’hui 6 services « + » en France : trois services français et trois américains : le plus ancien et le plus connu, Canal+ qui a opté pour le nom de mycanal pour sa plateforme, TF1+, M6+ mais aussi Disney+, Apple TV+ et Paramount+.
A Boulogne, chez TF1, l’ambition pour TF1+ est claire et publicitaire. Rodolphe Belmer l’a expliqué dans Stratégies début janvier : « Avec TF1+, nous visons une part de marché à deux chiffres à moyen terme », soit a minima 10% d’un marché estimé à 2 milliards d’euros en 2023 et qui croit de 15% par an selon TF1. Le « + » de TF1 c’est donc plus de programmes, plus d’inventaire publicitaire, plus de CPM pour plus d’audience, plus d’engagement, plus de recettes publicitaires à terme. Tout ça pour faire de TF1+ la première plateforme de streaming gratuit du marché.
A Neuilly, chez M6, le lancement de M6+ aura lieu en mai. Pionnière du replay en 2008 avec M6Replay puis 6Play, M6 veut rester dans la course face aux streamers et face à son ex-allié, TF1. Avec un investissement de 100 millions d’euros jusqu’en 2027, la nouvelle plateforme de streaming s’est fixée des objectifs ambitieux : doubler le nombre d’heures à 1 milliard d’heures de vidéos vues (le double de 2023 et 200 millions d’euros de recettes (triplement des revenus). 6Play revendique 2 millions d’utilisateurs quotidiens et myTF1 27 millions d’inscrits, de quoi assister à une belle bataille entre les deux services.
Au final, des «+» pour muscler les plateformes de replay pour éviter que TF1 et M6 voient leur part de marché précédée du signe «-». Reste à savoir s’il y aura de la place pour tout le monde.