Russie : Facebook coupé, WhatsApp toujours opérationnel

Le régulateur russe des médias – Roskomnadzor – a ordonné hier vendredi le blocage de Facebook. Les autorités russes reprochent au média social de bloquer des médias proches du pouvoir russe, comme la chaîne RT et le site Sputnik, en Europe.

Reste l’utilisation d’un VPN qui permet de se connecter au service. Meta a confirmé la mise en place de mesures de blocages, déplorant que des «millions de Russes ordinaires seront bientôt privés d’informations fiables».

A noter que Facebook n’est pas une plateforme très utilisée en Russie. Elle n’est fréquentée que par 7,5 millions de Russes, selon eMarketer.

Les autres outils du groupe Meta, à commencer par WhatsApp, continuent à être accessibles depuis la Russie.

Les autorités russes ont également annoncé commencer à restreindre l’accès à Twitter.

Nouvelle loi russe sur l’information

Vendredi, Vladimir Poutine a signé une nouvelle loi punissant de jusqu’à quinze ans de prison la propagation d’informations visant à « discréditer » les forces militaires.

Le journal russe indépendant Novaïa Gazeta a indiqué se voir «obligé de supprimer de nombreux contenus» pour éviter les sanctions, mais vouloir «continuer à travailler».

Roskomnadzor avait auparavant annoncé avoir restreint l’accès à la BBC, à la radiotélévision internationale allemande Deutsche Welle (DW), au site russe indépendant Meduza (basé à Riga, en Lettonie), à Radio Svoboda, antenne russe de RFE/RL, ou encore à Voice of America.

Les géants de la tech quittent la Russie, sous de nombreuses critiques

L’agence Bloomberg News et la BBC (radiotélévision publique britannique) ont annoncé suspendre l’activité de leurs journalistes, et la chaîne américaine d’informations CNN la diffusion de ses programmes en Russie.

Par ailleurs, vendredi, un fournisseur américain de services internet, Cogent Communications, a annoncé avoir mis fin à ses contrats avec ses clients en Russie.


Cogent Communications assure le transport d’environ 25 % du trafic Internet dans le monde. Le PDG de la société, Dave Schaeffer, a déclaré au Washington Post qu’il ne voulait « blesser personne », mais qu’il ne voulait pas non plus « permettre au gouvernement russe d’avoir un outil supplémentaire dans son arsenal de guerre ».


Cogent est l’une des plus grandes sociétés de « backbone » Internet au monde et compte des dizaines de clients en Russie, dont le géant public des télécommunications Rostelecom. Selon le Washington Post, Cogent dispose de « connexions directes à plus de 6 000 blocs de réseaux, ou grands blocs d’adresses Internet, gérés par Rostelecom, l’un des plus grands blocs des États-Unis ».


Cette mesure entraînera des ralentissements pour les utilisateurs russes d’Internet et la société a admis qu’elle mettait « progressivement » fin aux activités des entreprises russes parce qu’elles demandaient quelques jours pour trouver d’autres sources d’Internet.


Les résiliations ont commencé vendredi, selon une lettre de la société qui cite spécifiquement l’invasion russe de l’Ukraine comme raison.


« À la lumière de l’invasion injustifiée et non provoquée de l’Ukraine, Cogent met fin à tous vos services à compter du 4 mars 2022 à 17 heures GMT », indique la lettre. « Les sanctions économiques mises en place à la suite de l’invasion et la situation sécuritaire de plus en plus incertaine font qu’il est impossible pour Cogent de continuer à vous fournir des services. Tous les ports et l’espace d’adressage IP fournis par Cogent seront réclamés à compter de la date de résiliation. »


La décision a suscité de nombreuses réactions, nombre de personnes se demandant à quoi pouvait bien servir le fait de couper la population russe de l’internet.


WTF Cogent ? Couper les Russes de l’accès à Internet les coupe des sources d’informations indépendantes et de la possibilité d’organiser des manifestations anti-guerre. Ne faites pas le sale boulot de Poutine à sa place. https://t.co/uqbgOFYWX9


La décision de Cogent est malavisée. Couper le peuple russe de l’Internet mondial nuit à ceux qui cherchent à obtenir et à partager la vérité. Y compris de nombreux Wikpediens contribuant à la page sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie, malgré les menaces du gouvernement. https://t.co/sBPQfXe8Nz https://t.co/ma5zJVQPy6


Rebecca MacKinnon, vice-présidente de Global Advocacy à Wikimedia, a expliqué sur Twitter que cette mesure n’empêcherait pas réellement les pirates russes de lancer des cyberattaques et ne ferait que nuire aux personnes qui recherchent et fournissent des sources alternatives d’informations.


« Les acteurs malveillants soutenus par l’État qui cherchent à lancer des cyberattaques contre l’Ukraine et à diffuser des campagnes de désinformation auront les ressources et la technologie pour continuer à le faire »,  a déclaré MacKinnon. « Comme d’habitude, les groupes de la société civile en désaccord avec le gouvernement et les citoyens en quête de vérité sont les principales victimes. »


Cogent rejoint des dizaines de grandes entreprises technologiques qui ont cessé leurs activités liées à la Russie.

Les géants des technologies comme Apple et Microsoft ont interrompu leurs ventes de produits en Russie.

L’ICANN refuse de déconnecter la Russie de ses TLD et certificats SSL

Jeudi, l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) a refusé une demande de l’Ukraine visant à révoquer les domaines de premier niveau (TLD) de la Russie, tels que .ru, .рф et .su ainsi que les certificats SSL (Secure Sockets Layer) associés à la Russie.

Le président de l’ICANN, Göran Marby, a déclaré dans une lettre adressée au vice-premier ministre ukrainien Mykhailo Fedorov que les politiques convenues au niveau mondial « ne prévoient pas que l’ICANN prenne des mesures unilatérales pour déconnecter ces domaines comme vous le demandez ».