C’est une question de doigt, bien plus que de poignet, pour capter les signaux biomédicaux, explique Harpreet Singh Rai, le PDG de
. Les signaux sont jusqu’à 10 fois plus forts quand ils sont captés à partir d’un doigt. Mais le défi réside dans le facteur de forme minuscule qu’est une bague par rapport à un bracelet.
C’est exactement ce que la bague de la société Oura, dite Oura Ring, a réussi à faire avec une bague d’apparence normale et confortable à porter. La bague Oura fait partie d’une nouvelle génération de wearables – vendus comme un objet destiné au grand public, avec un prix grand public, mais avec des performances équivalentes à celles d’équipements médicaux coûtant des dizaines de milliers d’euros. Par exemple, la dernière version de l’Apple Watch affirme que l’appareil « est capable de générer un ECG similaire à un électrocardiogramme filaire ». Et le bracelet connecté Amazon Halo, annoncé la semaine dernière, doit permettre de mesurer l’indice de masse corporelle d’une personne aussi précisément que le ferait un médecin.
Données inutilisables
Le problème avec les premières générations de wearable était qu’elles généraient d’énormes quantités de données médicales inutilisables. C’est ce que m’ont dit deux médecins en décembre 2016 sur ce sujet. Ils me disaient qu’ils étaient formés pour interpréter les données d’un ECG à partir d’un équipement médical très précis, calibré et vérifié. De nombreux patients leur envoyaient des données collectées à partir de leurs wearables. Mais la fiabilité des données n’était pas au rendez-vous, ce qui les rendaient inutiles à des fins médicales.
Ce qu’il faut, disaient-ils, ce sont des objets connectés qui peuvent être calibrés et testés pour valider la qualité médicale des données, car ce n’est qu’alors que ces données peuvent être fiables et utilisées dans des études à grande échelle. Cette nouvelle génération de wearables revendique des niveaux de précision très élevés, directement comparables à ceux des équipements de qualité médicale – précisément ce dont ces médecins me disaient avoir besoin en 2016.
La bague de Oura est remplie d’électronique super-sensible : accéléromètres, LED infrarouges, capteurs de température et gyroscope. Selon Oura Health, l’anneau surveille les principales caractéristiques des battements de cœur de l’utilisateur avec une précision de 99,7 %. Ce qui est équivalent à un équipement médical professionnel.
Les deux LED infrarouges suivent le volume sanguin, et l’accéléromètre et le gyroscope suivent l’intensité des mouvements dans trois directions. La batterie rechargeable permet sept jours d’utilisation continue.
La société a testé sa précision sur 49 utilisateurs en la comparant à un appareil ECG de qualité médicale. La bague est au regard de cette étude « presque parfaite pour les données de fréquence cardiaque au repos », avec une qualité « extrêmement élevée pour la variabilité de la fréquence cardiaque ».
La précision de la bague d’Oura a attiré l’attention des chercheurs de l’université de Californie, à San Francisco, qui ont conçu une étude impliquant plus de 2 000 professionnels de santé. Leur hypothèse est que les signaux biologiques recueillis par la bague d’Oura permettent de détecter à l’avance une infection au COVID-19. L’UCSF « étudie si la bague de Oura peut avertir ses utilisateurs d’une infection au COVID-19 jusqu’à trois jours avant que les premiers symptômes ne se manifestent », explique Singh Rai.
Ainsi, les professionnels de santé infectés pourraient être mis en quarantaine bien avant qu’ils ne commencent à devenir infectieux pour les autres et bien avant que leurs symptômes ne se manifestent. Surtout que les tests classiques peuvent prendre plusieurs jours avant de donner des résultats. Les anneaux d’Oura pourraient identifier et permettre la mise en quarantaine des utilisateurs plusieurs jours en amont, ce qui permettrait de sauver des vies en éliminant les agents de propagation asymptomatiques et de traiter plus rapidement les personnes qui sont infectées sans le savoir.
Une histoire finlandaise
L’entreprise a une histoire intéressante. Elle est originaire de Finlande et perfectionne depuis plusieurs années sa technologie. L’actuel PDG, Harpreet Singh Rai, était un analyste de Wall Street et le marché des wearables faisait partie de son domaine de recherche.
Singh Rai a identifié Oura comme la société ayant la meilleure stratégie en matière de wearables et en est devenu un grand fan. Puis en est devenu le PDG.
L’anneau de rêve
La bague d’Oura n’a pas été créé pour repérer les infections de COVID-19. Son principal objectif est d’aider les utilisateurs à obtenir un sommeil de meilleure qualité. Chaque matin, les utilisateurs de la bague Oura peuvent visualiser un rapport sur le nombre d’heures de sommeil, le nombre de minutes dans chaque phase de sommeil et autre.
« Nous savons, grâce à de nombreuses études, que la quantité et la qualité du sommeil sont la clé du maintien d’une bonne santé et nous donnons donc aux utilisateurs les outils pour voir ce qui affecte leur sommeil, pour voir comment l’exercice, les repas, la façon dont leurs activités aident ou nuisent à leur sommeil, qui à son tour a un impact direct sur leur santé », a déclaré Singh Rai.
La bague d’Oura collecte des données 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 (à l’exception d’une recharge hebdomadaire d’une heure), ce qui signifie que les utilisateurs ont de nombreuses possibilités de tester leurs comportements par rapport aux résultats et de découvrir des informations sur leur propre nature pour améliorer la qualité de leur sommeil.
Une sonnerie discrète signale à l’utilisateur si ce n’est pas le bon moment pour faire certaines activités. Le logiciel signale quand le corps est reposé et en bonne forme pour s’adonner à des activités énergétiques. La National Basketball Association a acheté 2 000 anneaux Oura pour tester les performances de ses athlètes par rapport à leur score de sommeil – cela pourrait permettre de déterminer qui jouera ou qui sera sur le banc.
Il est courant de trouver des startups qui tentent de positionner leur plate-forme comme dominante sur le marché. La stratégie de Singh Rai est de coopérer avec tout le monde, d’être compatible avec de nombreux autres appareils comme l’Apple Watch. Mais aussi permettre à l’utilisateur d’accéder à ses propres données de santé pour les utiliser et les analyser comme il le souhaite.
Les appareils de haute précision sont essentiels ou constituent une révolution dans le domaine du bien-être personnel. Et c’est ce qui se passe : Il existe une liste croissante de matériel médical bon marché dont la précision s’améliore constamment : oxymètres, glucomètres, tensiomètres, analyseurs d’haleine à base de cétone, etc. Tous sont disponibles dans une pharmacie de quartier bien achalandée à des prix abordables.
Mais avoir le même stéthoscope qu’un médecin ne veut pas dire grand chose. Reste que l’accès aux connaissances de centaines de milliers de médecins grâce à l’apprentissage automatique (Machine Learning) et à des données médicales précises recueillies auprès de millions de personnes peut déclencher une nouvelle nouvelle dans le domaine médical.
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