NSO Group a manqué (de peu) d’avoir la France comme client



A quelques mois près, la réaction française aux révélations sur Pegasus aurait surement été bien différente. Comme le révèle le MIT Technology Review, l’entreprise israélienne NSO Group aurait été en négociation avec la France au moment des premières révélations portant sur le logiciel Pegasus. Selon le magazine américain, le gouvernement français souhaitait acquérir le logiciel d’espionnage afin d’en équiper ses services. Le processus d’acquisition s’apprêtait à entrer dans sa phase finale mais les révélations d’un consortium de journalistes et de médias ont coupé court à la transaction. Le logiciel d’interception commercialisé par NSO Group, Pegasus, aurait en effet été utilisé par des gouvernements étrangers pour espionner plusieurs dirigeants, journalistes et ministres français, ainsi qu’une ligne de téléphone utilisée par le président Emmanuel Macron. Suite aux publications, la France a donc choisi de bloquer le processus d’acquisition du logiciel Pegasus, et travaille maintenant à traiter l’incident par voie diplomatique avec le gouvernement israélien.

L’enquête française sur les infections par Pegasus se poursuit, mais les analystes se heurtent à la conception très sophistiquée du logiciel commercialisé par NSO comme le rapporte le Monde. Ainsi, les services français ont indiqué qu’ils étaient en mesure de détecter des traces d’infection par le logiciel malveillant sur les iPhones d’Apple, mais que la tâche s’avérait bien plus complexe dans le cas d’infections visant des appareils Android. Le Monde rapporte également que les révélations de la presse autour de Pegasus ont pris de court les experts du contre espionnage, dont les services ne s’étaient pas particulièrement alarmés de l’utilisation de logiciels commerciaux proposés par des acteurs privés comme NSO.

Dans l’article du Monde, la France est notamment
présenté comme l’un des rares pays européens à ne pas utiliser le
logiciel espion commercialisé par NSO Group. Une position qui rend
d’ailleurs le travail des enquêteurs analysant les infections de
téléphone par Pegasus complexe : comme l’explique le journal, les
services français ne peuvent compter sur l’aide des autres états membres
de l’union européenne, la plupart étant clients de la solution de NSO
Group.


La société israélienne aurait de son coté bien pu se passer d’un tel coup de projecteur sur ses activités. Suite au placement de la société sur la liste noire des entreprises soumises à des restrictions commerciales, le nouveau dirigeant de la société a claqué la porte avant même de prendre officiellement ses fonctions. Les sanctions américaines, qui empêchent légalement la société de se fournir auprès d’entreprises américaines ou de vendre leur technologie sur le sol américain, pèsent durement sur le business de la société, qui peine à rassurer les marchés financiers sur son avenir.