Les premiers accords avec les grands acteurs de l’intelligence artificielle se dévoilent : le journal Le Monde a annoncé hier avoir passé un accord de partenariat avec OpenAI afin de permettre au créateur de ChatGPT d’utiliser les articles et textes produits par le journal comme base de référence en langue française.
Cet accord est « le premier passé entre un média français et un acteur de cette industrie naissante » annoncent dans une tribune Louis Dreyfus et Jérôme Fenoglio, respectivement président du directoire et directeur du Monde.
L’accord passé avec OpenAI vise en premier lieu à nourrir le modèle de langage commercialisé par la société américaine, GPT, en lui offrant la possibilité d’indexer et d’analyser les articles produits par la rédaction du monde, mais aussi en enrichissant ses réponses avec les informations contenues dans les articles. La direction du quotidien précise néanmoins que l’accord visera à ce « que les références aux articles du Monde soient mises en exergue et qu’elles se fassent systématiquement avec un logo, un lien hypertexte et le titre du ou des articles. »
En contrepartie de cet accès offert à sa production, Le Monde explique avoir obtenu que ses équipes puissent « s’appuyer sur les technologies d’OpenAI pour développer des projets ou des fonctionnalités utilisant l’IA ». L’accord apportera aussi au quotidien « une source significative de revenus supplémentaires, pluriannuelle, qui intègre une quote-part au titre des droits voisins », dont le montant exact n’a pas été dévoilé.
Mieux vaut prévenir que guérir
En parallèle de cette ouverture à OpenAI, la rédaction du Monde a adopté une charte visant à encadrer les usages des outils d’intelligence artificielle au sein de la rédaction. Celle-ci vise à rappeler que l’intelligence artificielle « ne peut se substituer à l’humain dans les productions et réalisations journalistiques » et assure par exemple que tous les projets ayant recours à des outils d’IA devront le signaler de manière claire au lecteur. La charte pose également certaines limites, le quotidien s’interdit par exemple d’utiliser des images générées par intelligence artificielle.
La rédaction du Monde précise d’ailleurs plusieurs exemples de projets actuellement mis en œuvre grâce à des outils d’intelligence artificielle : son projet Le Monde In English, qui vise à traduire en anglais les articles produits par la rédaction au moyen d’outils de traduction automatique, ou encore la mise à disposition d’une version audio des articles.
Avec cet accord de partenariat, la direction du quotidien espère être en mesure « d’explorer les avancées de cette technologie en anticipant au mieux ses conséquences, négatives ou favorables » mais estime aussi qu’il s’agit d’un accord bénéfique pour l’ensemble de la profession, qui devrait ouvrir la voie à d’autres accords similaires avec d’autres acteurs. En France, le groupe Ouest France fait également partie des groupes de presse ayant commencé à travailler avec OpenAI comme l’avait révélé Mind au mois de février. Mais la communication du groupe de presse régionale confirme que pour l’instant, ce partenariat reste une expérimentation lui permettant de tester les outils de la société américaine, sans offrir d’accès aux contenus produits par ses rédactions et sans contrepartie financière.
Au niveau européen, OpenAI a également annoncé hier un accord similaire passé avec le groupe espagnol Prisa Media, qui édite plusieurs quotidien nationaux dont El País ou l’édition espagnole du HuffingtonPost. Au mois de décembre 2023, le groupe allemand de presse Axel Springer avait été l’un des premiers acteurs européen à annoncer un accord similaire avec OpenAI.
Outre Atlantique, certains médias comme le New York Times ont adopté une stratégie bien différente en attaquant en justice OpenAI. Le quotidien américain accuse OpenAI d’avoir utilisé ses articles pour entrainer son modèle de langage sans avoir respecté le droit d’auteur, et de réutiliser sans son autorisation des extraits d’articles produits par le New York Times sans autorisation. Ce qui n’empêche pas le recours aux outils d’intelligence artificielle de se populariser auprès des journalistes, certains articles nommés pour le prix Pulitzer ont ainsi eu recours à des outils automatique de génération de texte pour leur rédaction, comme l’ont reconnu certains auteurs.