Les opérateurs américains ont dépensé plus de 80 milliards de dollars pour 280 MHz de fréquences destinées à la 5G. Qu’en est-il par rapport aux dernières enchères en Europe ?
Plus de 80 milliards de dollars. C’est ce qu’ont rapporté, aux États-Unis, les enchères pour les fréquences de 3,7 à 3,98 GHz destinées à la 5G. Il y avait 5684 licences à décrocher sur ces 280 MHz auparavant alloués à la communication satellitaire. Elles sont valables pour 15 ans.
21 opérateurs ont emporté un lot. En première ligne :
- Verizon, qui empoche 3511 licences sur 406 zones géographiques. Montant : 45,5 milliards de dollars
- AT&T a mis 23,4 milliards sur la table pour 1621 licences
- T-Mobile, 9,3 milliards pour 142 licences
Au dernier recensement officiel, les États-Unis comptent 330,1 millions d’habitants.
Il y en a cinq fois moins (67,4 millions) en France, où la première enchère pour des fréquences dédiées à la 5G s’est conclue en octobre 2020. En jeu, le spectre de 3450 à 3800 MHz. Orange a obtenu 90 MHz ; SFR, 80 ; Free et Bouygues Telecom, 70 chacun. À eux quatre, ils ont déboursé environ 2,8 milliards d’euros.
5G : la République tchèque attribue les 700 MHz…
Depuis lors, d’autres pays ont finalisé des enchères comprenant des fréquences destinées à déployer la 5G.
Le 13 novembre, ce fut au tour de la République tchèque (10,6 millions d’habitants). La mise totale des cinq gagnants (T-Mobile, CentroNet, Vodafone, O2, Nordic Telecom) s’est élevée à 211 millions d’euros. Les lots se divisent entre deux bandes de fréquences bien distinctes. D’un côté, celle des 700 MHz, avec des licences pour 15 ans pour deux lots de 30 MHz. De l’autre, celle des 3,4-3,6 GHz, avec des licences pour 12 ans sur un spectre de 190 MHz.
Les enchères pour la partie 3,6-3,8 GHz avaient eu lieu en 2017. Elles avaient atteint un peu moins de 50 millions d’euros. Nordic Telecom avait obtenu deux blocs de 40 MHz. O2, Vodafone et PODA, un chacun.
… comme la Slovaquie
Le 23 novembre, la Slovaquie (5,5 millions d’habitants) bouclait elle aussi des enchères sur de multiples bandes. Principalement à 700 MHz (pour 20 ans), mais aussi sur des fréquences additionnelles à 900 et 1800 MHz.
L’État en a tiré 100 millions d’euros, ainsi répartis :
- 33,6 millions d’euros d’Orange, qui a emporté deux blocs de 10 MHz dans la bande des 700
- 33,4 millions d’O2, qui a décroché la même chose, ainsi que deux blocs de 4,2 MHz dans la bande des 900 et deux blocs de 3 MHz dans la bande des 1800
- 32,7 millions d’euros de Slovak Telekom, qui ressort avec deux blocs à 700 MHz et autant à 1800 MHz
- 550 000 euros de SWAN Mobile, pour deux blocs à 1800 MHz
L’allocation du spectre 3,4-3,8 GHz à l’échelle nationale a fait l’objet de plusieurs enchères entre 2015 et 2016. L’investissement global a avoisiné les 4 millions d’euros. Avec trois gagnants : O2, SWAN et BENESTRA (ces deux derniers ont fusionné depuis).
La Grèce alloue des fréquences 5G millimétriques
Le 16 décembre, une enchère « grand format » se terminait en Grèce (10,7 millions d’habitants). Les trois opérateurs gagnants ont déboursé, dans l’ensemble, 372 millions d’euros. Leurs licences sont, à quelques exceptions près, valables jusqu’en 2035. Elles se répartissent ainsi :
- Vodafone : 130 millions d’euros pour deux blocs à 700 MHz, quatorze à 3,7 GHz et deux à 26 GHz
- Cosmote : 123 millions d’euros, avec un lot supplémentaire à 3,7 GHz
- Wind : 119 millions d’euros pour deux blocs à 700 MHz, dix à 3,7 GHz et un à 26 GHz
Tous trois ont aussi acquis des autorisations à 2100 MHz, pour renouveler des licences arrivant à expiration cette année.
Fréquences moyennes : c’est réglé en Suède malgré Huawei
En Suède (10,2 millions d’habitants), ce sont 320 MHz qui ont été attribués le 20 janvier. Tre en a décroché 100 (3400-3500 MHz) ; Telia, 120 (3500-3620) ; Net4Mobility, 100 (3620-3720). En ajoutant 80 MHz pour Teracom dans la bande des 2,3 GHz, les opérateurs ont dépensé l’équivalent de 270 millions d’euros. La procédure avait pris du retard non seulement en raison de la pandémie, mais aussi de l’opposition de Huawei, banni des réseaux 5G du pays.
Le montant fut similaire sur les enchères à 700 MHz, conclues fin 2018 pour des licences valables jusqu’en 2040. Telia avait obtenu deux blocs de 10 MHz. Net4Mobility (alliance Tele2-Telenor), deux blocs de 5 MHz.
Espagne : Orange et Telefónica récupèrent les « restes »
Ce 22 février, c’est en Espagne (47,3 millions d’habitants) qu’une enchère s’est achevée. Elle portait sur deux blocs de 10 MHz dans la bande des 3,5 GHz. Orange et Telefónica en ont chacun remporté un, mettant à eux deux 42 millions d’euros sur la table.
Il s’agissait des « restes » de la grande distribution organisée entre 2016 et 2018. Vodafone et MásMóvil avaient été les principaux gagnants sur la partie 3,4-3,6 GHz. Orange et Telefónica avaient emporté la quasi-totalité du spectre à 3,6-3,8 GHz, les enchères montant à 200 millions d’euros.
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